Le portail français « Sensemaking » a publié un article intitulé « Devoir de mémoire : graver les tragédies dans l'Histoire » abordant les tragédies de Khodjaly, Srebrenica, Beslan, Silgadji. L’AZERTAC présente la partie couvrant la tragédie commise à Khodjaly.
Khojaly, Srebrenica, Beslan, Silgadji. Lieux de tragédies récentes. Connues d'un petit nombre seulement. Si l’inconscient collectif retient des génocides comme celui des Juifs dans les années 40 ou celui des Cambodgiens dans les années 70, des massacres plus récents obligent eux aussi la communauté internationale à un devoir de mémoire. Et c’est parfois aussi difficile que nécessaire avec une histoire en cours d’écriture.
Les livres d’Histoire regorgent de récits de guerres, de massacres et de génocides. Ils ont souvent pour point commun d’être écrits grâce aux récits des survivants, quand il y en a. Quatre-vingt-dix ans après l’armistice de 1918, le dernier poilu, Lazare Ponticelli, avait reçu un hommage national lors de sa mort en 2008. En France comme ailleurs, ces témoignages servent cette conscience générale, ce « plus jamais ça » adressé aux générations actuelles et à venir, exprimé par ce que les historiens appellent le devoir de mémoire depuis les années 90.
Aujourd’hui, s’il est indispensable pour perpétuer des souvenirs menacés par la disparition des derniers témoins, ce devoir de mémoire doit également s’appliquer à des épisodes meurtriers, plus proches de nous. À l’occasion de l’anniversaire du massacre de Khodjaly le 26 février que l’Azerbaïdjan commémore chaque année, voici quatre exemples de massacres dans quatre pays endeuillés par la folie des hommes.
1992 : le massacre de Khodjaly (Azerbaïdjan)
Cette région montagneuse est belle, à quelque 400km à l’ouest de Bakou. Depuis 1988, la guerre du Haut-Karabagh fait rage dans cette région de l’Azerbaïdjan envahie par l’Arménie voisine. À plusieurs reprises, ce conflit territorial et ethnique dérape. Dans l’une des vallées sur les contreforts de Grand-Caucase, les villageois azéris de Khodjaly vont connaître l’horreur le 26 février 1992. Le bilan officiel recensera 613 Azerbaïdjanais tués, dont 106 femmes et 83 enfants. Sans compter 500 blessés, 1275 personnes arrêtées et 150 disparus. La plupart alors qu’ils fuyaient la zone.
L’année suivante, l’ONG internationale Human Rights Watch écrira dans son rapport d’enquête : « Une grande partie de la population, accompagnée d’une bonne douzaine de combattants pour le repli, ont fui la ville à l’arrivée des troupes arméniennes. Lorsqu’ils se sont rapprochés de la frontière de l’Azerbaïdjan, ils ont dû passer devant un poste de contrôle arménien où ils ont tous été tués avec cruauté... Les soldats arméniens ont assassiné des civils sans arme et des soldats hors de combat sans défense. » Selon d’autres sources indépendantes, les forces armées russes du 366e régiment d’infanterie blindée se seraient joint aux Arméniens dans cette tuerie, de leur propre chef. Des rapports post-mortem ont fait état de personnes écorchées vives, décapitées, brûlées, d’autres amputées ou ayant les yeux crevés. Un « crime contre l’humanité » condamné depuis par de nombreux États, mais également en 2012 par le Conseil de l’Europe. Aujourd’hui, Azerbaïdjan et Arménie tentent de renouer un dialogue rompu dans les années 90 comme le souligne le dossier d’Enderi (Entreprises Défense & Relations Internationales) consacré au conflit du Haut-Karabagh. Et le cas de Khodjaly fait partie des dossiers délicats à ouvrir, alors même que l’ancien président de l’Arménie Serge Sargsian reconnaissait « avant Khodjaly, les azerbaïdjanais pensaient que les arméniens ne lèveraient pas la main sur des civils. Mais nous avons réussi à briser ce stéréotype ».
Pour aller plus loin, de nombreux livres retracent cet épisode – le plus sanglant du conflit du Haut-Karabagh qui s’achèvera en 1994 – et font référence, comme Khojaly Massacre de Frederic Miller, Agnes Vandome, John McBrewster (2010) et Khojaly: A Crime Against Humanity de Rabbi Israel Barouk (2016) mais aussi Black Garden de Thomas de Waal (2003).
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