Le site français Eurolatio a publié un article de la journaliste azerbaïdjanaise Vusala Aliyeva intitulé «Les Trente Glorieuses de l’Azerbaïdjan : de la reconstruction aux réformes «courageuses».
L’AZERTAC présente l’article dans son intégralité :
D’un pays de « l’or noir » vers une économie diversifiée : quel bilan après trente ans ?
Les Trente Glorieuses sont une révolution, certes silencieuse durant lesquelles des changements économiques et sociaux majeurs ont marqué l’histoire de l’Europe. La grande majorité des pays développés, comme la France ont connu une période de forte croissance économique sans précédent entre 1946 et 1975, lors des Trente Glorieuses. L’Azerbaïdjan arrive bientôt à la fin de « ses » trente glorieuses à son tour. Comptez et datez.. Car ça fait bientôt trente ans que le pays avance sur la voie de la construction après la disparition de l’empire soviétique. Malgré les terribles pertes pendant la deuxième guerre mondiale, l’URSS avait connu longtemps un succès économique international. Avec parfois un meilleur taux de développement que l’Europe de l’Ouest jusqu’en 1973, elle a cependant fini en 1990, par un PIB par habitant inférieur à celui de 1973.
La république d’Azerbaïdjan libérée…à l’Extrême-Orient de l’Europe.
« En 2001 c’était mon premier voyage à Bakou. J’ai eu la chance de faire partie de la délégation française pour participer au Congrès de la diaspora azerbaïdjanaise. L’ambiance était sympathique. Cette ville avait une âme. La cuisine était excellente. Nous avons dégusté du caviar sur un marché quelconque… Pourtant, à cet époque Bakou était différente de celle que l’on connait aujourd’hui. Il y avait une seule piste d’atterrissage dans l’aéroport de Bakou. Les routes qui menaient à la ville étaient en mauvais états. La promenade au bord de la mer Caspienne n’était pas encore aménagée. Les installations pétrolières remontaient à la période soviétique. Lors de mon récent voyage à Bakou, j’ai été surprise par d’énormes changements, par des avancées extraordinaires .…. » – témoigne Pascale Hadjibeyli, française, appartenant, par alliance, à une famille azerbaïdjanaise.
D’un pays de « l’or noir » vers une économie diversifiée
« J’ai découvert une splendide ville de Bakou avec une magnifique architecture. Mais ce qui m’a frappé dans ce pays était le développement équitable. J’ai constaté que les régions bénéficiaient du développement du pays au même rythme que la capitale. » – raconte pour Eurolatio, André Villiers, député de l’Yonne, membre de la Commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, agriculteur-propriétaire exploitant.
La part dans le PIB des produits du secteur non pétrolier est constamment en hausse et a atteint un taux de croissance moyen d’environ 9,1 %, l’année dernière. Après une baisse de 12 % des produits agricoles pendant trois ans depuis 1992, à partir de 1996, les produits agricoles ont connu une hausse annuelle consécutive qui atteint 6,6% en 2015.
« Bien que nous ayons seulement 5 ans de collaboration, nous avons déjà réussi à développer une coopération très étroite avec l’Azerbaïdjan. L’Azerbaïdjan vise, en même temps, deux objectifs : d’un côté, faire revivre son histoire, faire renaître la viticulture, un des anciens métiers, historiquement exercé dans tout le pays. En même temps, cela témoigne de la volonté politique de diversifier son économie. L’Azerbaïdjan fait un effort considérable pour le développement équitable entre les régions urbaines et agricoles. » – estime Jean-Marie Auran, directeur exécutif de OIV – Organisation Internationale de la vigne et du vin.
Transition des modèles des tribunaux soviétiques vers les modèles occidentaux
« Nous voulons croire que les juristes soviétiques ne tarderont pas à abandonner ces conceptions périmées comme ils l’ont déjà̀ fait dans d’autres domaines et qu’ils concourront ainsi à l’adoption par l’Union soviétique des principes de légalité́ et de l’indépendance des juges dans le sens que lui a donné́ la pensée juridique moderne. » Michel Fridieff, L’organisation juridique soviétique, Revue internationale de droit comparé, 1962 14-4 pp. 725-745
Ainsi avec la chute de l’Union Soviétique, l’Azerbaïdjan a hérité d’un système juridique loin d’être un modèle exemplaire. Après avoir entamé un long processus de construction, les tribunaux en Azerbaïdjan ont dû faire face à de nouveaux défis de plus en plus exigeants. Après cette longue période de construction, la volonté politique d’accroître la qualité et l’efficacité des démarches et des services ont récemment donné lieu à de nombreux décrets et mesures plus concrets. Un nouveau décret présidentiel en 2014 sur le processus de la numérisation des tribunaux a vu le jour rendant les décisions judiciaires accessibles sur internet sous format numérique immatériel. Un autre décret présidentiel signé le 3 avril 2018 sur le système judiciaire prévoit plus de 40 mesures dans l’objectif d’améliorer la qualité et l’efficacité du système à travers la formation des juges, l’amélioration de la transparence, la réduction du temps pour les démarches administratives, la diminution du temps prévu pour la mise en œuvre des décisions juridiques.
La coopération internationale et la diplomatie du « bon voisinage »
« Les réformes menées en Azerbaïdjan commencent à donner ses fruits dans différents domaines, ainsi que dans le cadre de la coopération avec l’Union européenne. Cette année, nous avons célébré le dixième anniversaire de la coopération entre l’Union européenne et les pays du partenariat oriental. L’Azerbaïdjan a réalisé de grands progrès à ce stade et est entré dans la phase de discussions plus larges au sein du programme de partenariat oriental. » – rappelle Emmanuel Dupuy, le président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE).
L’OTAN soutient le vaste processus de réformes engagées en Azerbaïdjan au profit des institutions et du secteur de la défense, et a notamment œuvré au renforcement du contrôle démocratique et civil des forces armées.
« L’Azerbaïdjan respecte ces engagements en publiant en temps réel ces rapports de monitorings. La publication des rapports est un des indicateurs du processus de la démocratisation. » – a souligné Stephan Schennach, rapporteur de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de Europe sur les Institutions Démocratiques en l’Azerbaïdjan, député autrichien, lors de la session d’hiver de l’APCE, en janvier 2018 à Strasbourg, au palais de l’Europe.
De la bureaucratie soviétique à une administration plus flexible : ASAN
«ASAN» signifie «Azerbaïdjan Service and Assessment Network» :Le tout en un extrêmement innovant.
« Service ASAN » est un organisme d’ État, créé le 13 juillet 2012 par décret présidentiel dans le but de rendre les démarches administratives plus efficaces, plus transparentes, plus rapides et plus facilement accessibles aux citoyens grâce à la technologie moderne. Les centres de « Service ASAN » regroupent neuf organismes publics et une trentaine de sociétés privées qui fournissent plus de 230 services, comme l’enregistrement des naissances et des mariages, le renouvellement de la carte d’identité, du passeport, du permis de conduire. Les nouvelles cartes d’identité et les passeports sont délivrées dans un délai d’un, trois ou dix jours, selon les tarifs, les nouveaux permis de conduire sont délivrés sur place. Les Services auxiliaires comprennent des services bancaires et d’assurance, des services juridiques, médicaux, touristiques et aériens. Chaque jour,dans chaque centre environ 2 500 citoyens bénéficient de ces services. Aujourd’hui, l’objectif du gouvernement est d’étendre ce système de gestion rapide, efficace et transparente dans toutes les villes du pays.
Deux satellites spatiaux
« L’Azerbaïdjan s’est transformé passant d’un pays de ressources d’hydrocarbures à un pays avec une économies plus diversifiées. Aujourd’hui, il développe avec succès toutes les sphères de l’économie, y compris le domaine spatial. Il s’est engagé dans des mutations économiques importantes. » – nous signale, Jean-Marie Bockel, le sénateur, membre de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Créé le 3 mai 2010, « Azercosmos » est le premier opérateur de satellite de l’Azerbaïdjan et du Caucase qui fournit les services de transmissions téléradio, les télécommunications. « Azerspace-2 », le satellite qui appartient à l’Azerbaïdjan a été lancé le 25 septembre de l’année dernière depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane française par le lanceur lourd européen Ariane 5 opéré par Arianespace et le premier « Azerspace-1 » a été mis en orbite le 7 février 2013 depuis Kourou en Guyane. Pour la première fois dans son histoire, le pays a fait un bénéfice de 16,1 millions de dollars grâce à ces exportations de services de télécommunication de satellite vers 18 pays du monde, au début de cette année.
L’égalité entre les hommes et femmes en tant que droit fondamental
Les droits des femmes font partie intégrante des droits humains, indivisibles et universels.
«L’Azerbaïdjan prêt beaucoup d’attention et prend des mesures considérables pour le développement des droits des femmes et de l’égalité entre les hommes et les femmes. Entant que pays musulman, l’Azerbaïdjan est un brillant exemple pour d’autres pays musulmans.» – raconte pour Eurolatio Nicole Ameline, vice-présidente du Comité sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes des Nations Unies.
Au moment de la chute de l’Union Soviétique, le nombre de femmes conduisant des véhicules légers était égal à moins d’un pour cent de la population. Après une période de moins de trente ans, les tabous et les obstacles ayant disparu, la question du nombre de femmes conduisant des véhicules légers n’est plus à l’ordre du jour du gouvernement. Le nouveau défi d’aujourd’hui est de mettre en place de nouveaux dispositifs pour encourager les femmes à opter pour le métier de conducteur de transport public.
Les nouveaux défis
« Doing Business 2019 », rapport de la Banque Mondiale, a attribué à l’Azerbaïdjan la 25eme place parmi 190 pays pour le nombre des réformes mises en œuvre pour l’année en cours. Le rapport affirme que sur dix réformes indispensables afin de rendre le pays favorable pour les échanges commerciaux, l’Azerbaïdjan a réussi à en réaliser huit ce qui le place en tête des pays de l’ex l’Union Soviétique.
A la fin de ces « Trente Glorieuses », après une période de construction, le pays se prépare à franchir le pas vers une nouvelle période, vers des réformes plus ambitieuses, vers un système de contrôle fiscal, des sanctions efficaces et un maximum de transparence.
« L’Azerbaïdjan a obtenu de grands succès dans la mise en œuvre des réformes, mais l’Azerbaïdjan est un jeune pays et un travail considérable reste à faire. » – Li Litzenberger, l’ambassadeur des Etats-Unis en Azerbaïdjan, l’a ainsi souligné, récemment, lors d’une conférence de presse pour le média local.
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