Le président de la République d'Azerbaïdjan Ilham Aliyev a accordé, vendredi 1er mars, une interview à la chaîne de télévision Euronews lors de la 10e réunion ministérielle du Conseil consultatif du Corridor gazier méridional et de la 2e réunion ministérielle du Conseil consultatif sur l’énergie verte.

L’Fact-info.az présente l’interview.

L’Euronews : Pourriez-vous s’il vous plaît commencer par me dire pourquoi les réunions d’aujourd’hui sont si importantes pour l’industrie de l’énergie, les réalisations et les prochaines étapes dans le fonctionnement et le développement réussis du Corridor gazier méridional ?

Le président Ilham Aliyev : Vous savez, lorsque nous avons lancé ce projet, il y avait beaucoup d'idées différentes sur sa réussite. Il y avait des optimistes et des pessimistes, et aussi ceux qui pensaient que nous ne serions pas en mesure de le mettre en œuvre. Mais nous étions déterminés, et nous savions qu’il était possible de le faire. Mais nous avions besoin d'une large coopération internationale. Ainsi, nous nous sommes mis à construire ce partenariat entre les pays, entre les entreprises, en invitant les principales institutions financières internationales à nous soutenir avec leur financement. Et un pipeline long de 3500 kilomètres est désormais une réalité. Ce n’est plus un simple rêve. Il embrasse de plus en plus de pays, car, comme je l’ai souligné lors de la session d’ouverture aujourd’hui, nous disposons de nouveaux interconnecteurs qui permettent d’acheminer le gaz naturel vers de nouvelles destinations. Cela transforme véritablement la géographie des approvisionnements énergétiques et les enjeux liés à la sécurité énergétique. En voyant les bons résultats de l’initiative que nous avons lancée il y a 10 ans, bien sûr, on se sent toujours heureux.

L’Euronews : Cette année est également une année cruciale. La COP29 est à l’horizon. Et le développement de ces projets d’énergie renouvelable met vraiment en avant la manière dont l’Azerbaïdjan ouvre la voie vers l’avenir de l'énergie durable.

Le président Ilham Aliyev : Oui, je pense que cela fait partie de notre programme global axé sur le développement durable et de notre sentiment de responsabilité, parce qu’un pays riche en combustibles fossiles devrait être parmi les pionniers de la transition écologique. Nous le faisons non pas parce que nous manquons de ressources traditionnelles, mais parce que nous voulons contribuer en utilisant le financement, en utilisant les revenus que nous tirons de la vente de pétrole et de gaz, pour investir dans les énergies renouvelables et créer une compréhension commune de la nécessité de le faire. Nous le constatons à Bakou chaque année. Chaque année, nous voyons comment la mer Caspienne devient moins profonde. Tout le monde qui vit au bord de la mer le constate, même ici, au centre de Bakou. Ainsi, nous constatons les implications et les dangers du changement climatique. Moins d’eau dans nos rivières, moins de neige dans nos montagnes, moins d’eau dans la mer Caspienne. Et si nous ne traitons pas ce problème avec passion et engagement, alors nous en souffrirons tous.

Ainsi, l’agenda des projets d’énergies renouvelables de l’Azerbaïdjan est très ambitieux. Le potentiel de la mer Caspienne dans le secteur azerbaïdjanais est estimé à 157 gigawatts, selon l’évaluation de la Société financière internationale. Nous avons déjà commencé à parcourir cette voie importante. Nous prévoyons de maximiser l’utilisation des énergies renouvelables dans le pays d’ici 10 ans et de réduire la consommation de gaz naturel à l’échelle nationale.

L’Euronews : J’ai apprécié dans votre intervention lorsque vous avez affirmé que les pays disposant de pétrole et de gaz ne devraient pas être blâmés. Lorsque nous parlons des énergies fossiles, ce n’est pas de leur faute, mais ils devraient être évalués sur ces opinions et jugés sur la manière dont ils abordent la protection de l’environnement et les transitions vertes. Vous croyez vraiment en cela ?

Le président Ilham Aliyev : Oui, bien sûr. C’est ainsi que nous devons changer un peu la narration à ce sujet, car être un pays avec des combustibles fossiles, bien sûr, n'est pas de notre faute. C’est, je pense, une réalisation que nous avons réussi à éviter une prétendue malédiction pétrolière à laquelle ont été confrontés de nombreux pays disposant de réserves de pétrole et de gaz. Nous avons transformé le pétrole en développement. Nous avons réussi à assurer une répartition équitable de la richesse. Nous avons réduit la pauvreté en Azerbaïdjan au cours des 20 dernières années, passant de 50 % à 5 %. Et tout ce que vous voyez à Bakou est absolument le nouveau développement des infrastructures et l’amélioration des conditions de vie des gens. Malheureusement, on considère actuellement les combustibles fossiles comme quelque chose de dangereux, de néfaste, et les pays possédant ces ressources sont tenus pour responsables. Mon message était de nous juger sur nos actions, sur la façon dont nous les traitons, sur la manière dont nous utilisons les revenus pour satisfaire les besoins de la population et stimuler l’agenda vert. J’espère que mon message sera entendu.

L’Euronews : Monsieur le Président, Votre Excellence, merci infiniment de nous avoir accordé du temps.